Le mal de dos est un trouble si fréquent qu’il est souvent défini comme le
« mal du siècle ».
Face à cette douleur, la démarche la plus commune reste encore de réaliser des examens complémentaires, tels que l’IRM, dans le but de trouver l’origine de cette douleur. Parmi les résultats possibles de ces examens, les pathologies discales telles que les hernies sont les plus retrouvées. Il n’existe que peu de traitements autres que le traitement chirurgical pour les traiter.
Face à ce constat, les hernies discales peuvent apparaître comme une fatalité responsable du mal de dos. Ainsi, le patient se trouve presque désespéré, considérant son dos comme fragile, défectueux et abîmé, tout en étant persuadé qu’il sera condamné à souffrir tant que cette hernie discale sera présente.
Heureusement, la science est là pour redonner de l’espoir, et l’ostéopathie devrait également être envisagée pour traiter la hernie discale.
Petit rappel sur les hernies discales
La colonne vertébrale est composée de 24 vertèbres. Entre toutes ces vertèbres, il existe des petits coussinets fibreux et gélatineux qui ont un rôle d’amortisseur qui absorbe les chocs et rendent votre colonne souple et mobile : les disques intervertébraux.
Ces disques sont formés en deux parties :
Un noyau gélatineux au centre du disque
Un anneau fibreux tout autour du noyau qui sert d’enveloppe pour celui-ci.
La hernie discale se produit lorsque l’anneau fibreux se déchire (traumatisme, usure …) et que le noyau sort par la déchirure et fait saillie à l’extérieur du disque, provoquant de potentielles douleurs ou troubles neurologiques (ex : sciatiques).
L’actualité scientifique à l’égard des hernies discales
1) La hernie discale : pas forcément synonyme de douleur (1)
Des chercheurs ont réalisé une synthèse de 33 articles rapportant des résultats d’imagerie pour 3110 individus. Leur particularité ? Ces individus en question étaient asymptomatiques et ne souffraient d’aucune douleur. Les résultats sont surprenants :
A l’âge de 20 ans :
37% des individus avaient des dégénérescences discales;
30% des individus avaient des gonflements de disques;
29% des individus avaient des protrusions discales (un type de hernie);
19% des individus avaient des fissures dans l’anneau fibreux autours du noyau.
A l’âge de 80 ans :
96% des individus avaient des dégénérescences discales;
84% des individus avaient des gonflements de disques;
43% des individus avaient des protrusions discales (un type de hernie);
29% des individus avaient des fissures dans l’anneau fibreux autour du noyau.
Le parallèle hâtivement réalisé entre la douleur au dos et la présence d’une hernie est donc à nuancer. Les problèmes discaux relevés sur une IRM font donc probablement partie du vieillissement normal de la colonne au même titre que les rides qui se forment sur la peau au fur et à mesure de la vie.
2) Les hernies peuvent diminuer spontanément sans traitement ! (2)
Une méta analyse, effectuée par des chercheurs montre que sur un total de 587 patients atteints de hernies discales, celles-ci se sont résorbées spontanément dans 66,6% des cas !
Ces chiffres sont une véritable source d’espoir quant à l’évolution de la hernie.
De plus, des chercheurs ont mis en évidence le constat suivant : plus les hernies sont grosses et saillantes plus elles ont de chance de se résorber spontanément. (3)
Pourquoi est-il si important de connaître ces découvertes scientifiques ?
Il est particulièrement important que tous les patients et les thérapeutes prennent connaissance de ces données car elles peuvent permettre aux patients de résoudre leurs douleurs. Le simple fait que le patient reçoive son diagnostic de hernie discale pour expliquer sa douleur peut entraîner un ensemble de réactions psychologiques en chaîne qui vont entretenir celle-ci voire la rendre encore plus intense jusqu’à ce qu’elle devienne chronique.
En effet, ce diagnostic va faire croire aux patients qu’il est vulnérable, que son dos est abîmé voire fragile. Celui-ci va alors rentrer dans un cercle vicieux en catastrophant sa situation et en évitant toute activité et tout mouvement ce qui ne pourra que favoriser sa douleur.
Des chercheurs ont justement cherché à objectiver scientifiquement ces faits. (4)
Ceux-ci ont synthétisé 33 articles regroupant en tout 10293 patients. Leur objectif était de voir s’il existait une association entre les croyances et les attitudes des patients et leur douleur (ici d’épaule).
Les résultats confirment nos dires : plus il y avait de catastrophisme et de peur du mouvement chez les patients, plus leur douleur et leur invalidité étaient importantes.
Le fait de savoir que les hernies ne sont pas forcément associées à des douleurs et que celles-ci peuvent se résorber spontanément sans traitement particulier pourra donc permettre aux patients d’éviter de rentrer dans le cercle vicieux vu ci-dessus et donc favoriser leur guérison.
Références:
(1) Systematic literature review of imaging features of spinal degeneration in asymptomatic populations // AJNR Am J Neuroradiol. 2015 Apr;36(4):811-6 // Brinjikji W, Luetmer PH, Comstock B, Bresnahan BW, Chen LE, Deyo RA, Halabi S, Turner JA, Avins AL, James K4, Wald JT, Kallmes DF, Jarvik JG.
(2) Incidence of spontaneous resorption of lumbar disc herniation a meta-analysis // Pain Physician. 2017 Jan-Feb;20(1):E45-E52 // Zhong M, Liu JT, Jiang H, Mo W, Yu PF, Li XC, Xue RR.
3) The probability of spontaneous regression of lumbar herniated disc a systematic review // Clin Rehabil. 2015 Feb;29(2):184-95 // Chiu CC, Chuang TY, Chang KH, Wu CH, Lin PW, Hsu WY.
4) The association between pain beliefs and pain intensity and/or disability in people with shoulder pain: A systematic review // Musculoskeletal Science and Practice (2018) // Martinez-Calderon, J., Struyf, F., Meeus, M., Luque-Suarez.
Auteur de l'article : Laurent Louat
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